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le blog officiel du sieur monsieur
27 septembre 2010

Mes aventures sur la Loire

Ami lecteur

J’aurais pu, quelques temps auparavant et sans les conseils d’illustres personnes et quelques bonnes conversations, titrer le présent texte « suite ou début ou partie indéterminée  des aventures de Darius et d’Alexandre », et écrire différemment.

Or je n’en ferais rien. Autant  Darius qu’Alexandre sont des personnages de fiction et j’ai, à ma grande honte, parfois (cf. le texte précédent) fait vivre à ces deux quidams des aventures que j’ai moi-même vécues. Pourquoi cette étrange pudeur me demanderez-vous en pensant à coups sûrs poser une question à la fois dérangeante et pertinente ? Eh bien moi-même je n’en sais trop rien. Ce que je sais c’est qu’aujourd’hui je vous présente un texte dont je suis le narrateur non point déguisé comme dans un certain nombre de ceux qui précèdent, et que les faits relatés furent vécus par moi et deux illustres camarades de galère, Alice et Alexandre. Alors, si mes aventures personnelles continueront à nourrir de manière directe mes petits textes de fiction animés par les créatures de mon imaginaire, il arrivera parfois, aussi, que je prenne la parole en mon nom propre. Non pas pour verser dans l’autobiographie: mais parce que certaines de ce choses ne peuvent se faire que sous mon je.

Une image faite par moi vous attendra en fin d’article, afin de faire passer la pilule de cette laborieuse introduction.

On avait cru bon de naviguer de nuit, on pensait pleins d’excitation faire des quarts, piloter l’engin, faire le nocher des enfers sur un Styx de Haute-Loire.

Comme nous nous trompions !...

Une fois la nuit tombée, ce furent successivement les éphémères en nuages blancs attirés par notre lampe, puis une fine humidité, qui nous sont tombées dessus.

Nous avons perdu courage.

Il nous fallait accoster au plus vite et les berges étaient obscures. Nous ne pouvions pas allumer la lampe sans risquer d’attirer des millions d’éphémères énormes, grosses comme des mouches, et blanches comme des mues.

On a repéré une plage et on n’a pas réfléchi : nous ne voulions que manger et dormir.

Et manger chaud si possible.

Je me souviens de l’angoisse assez grisante de voir peu d’allumettes dans la boîte.

Suivie aussitôt de la joie indescriptible d’arriver à tirer des flammes du sol humide.

Je fis remarquer à mes camarades de galère que j’avais l’impression de camper sur Mars : pas de végétation directement visible en-dehors du cercle orange du feu, un sol de caillasses austères.

Nous avons mangé rapidement un repas tiède en boîte : un merveilleux repas à vrai dire et en auguste compagnie.

Nous avons cherché longtemps un emplacement pour dormir, car nous n’allions pas veiller. Il y avait des bosquets et des buissons, des herbes en paillasson, la forme obscure des arbres au fond. On a plié les branches qui nous isoleraient, en principe, des cailloux, et on a mis la grande bâche sur notre matelas végétal.

On a mis les duvets les un à côté des autres, en rang.

On s’est rangés à l’intérieur des duvets. Nous ne nous sommes même pas déshabillés, nous ne voulions que dormir.

Le ciel était violet. Je crois n’avoir jamais vu autant d’étoiles. Nous nous sommes endormis avant que la Lune n’atteigne son zénith, et elle se réduisait à un maigre croissant.

J’ai rarement aussi mal dormi.

Le réveil fut fabuleux.

Un brouillard gris rampait sur la Loire. Ciel et terre étaient blancs, un arbre cependant apparaissait progressivement sur l’autre rive.

J’ai été réveillé par les palabres de deux pêcheurs dans la brume. Ils discutaient de notre radeau : ils commentaient ses éléments constitutifs.

Les deux pêcheurs avaient repéré l’embarcation, peut-être aussi la trace noire de notre feu, mais ils ne nous avaient pas vus : nous étions derrière les buissons et nous étions allongés.

Les deux pêcheurs ont ensuite disparu.

Le soleil se levait et nous pouvions constater avec précision la course très lente du simple disque blanc.

Certaines choses du paysage sont apparues du chaos noir de la nuit et du chaos blanc de la brume : je parlais avec Alice des pêcheurs et de l’ambiance sinistre, elle évoquait Maupassant.

Nous avions accosté sur une île sans nous en rendre compte. J’en fis le tour dès que je fus levé.

Les premiers mots d’Alexandre en voyant le radeau au loin furent : « il a fière allure ».

Puis, nous avons remis les pieds dans l’eau après un très petit déjeuner, et nous sommes repartis à fleur d’eau sur notre glorieux radeau. Et c’est le soleil de neuf heures qui nous a réchauffés.

C’est un contrat d’honnêteté que j’entame avec toi, ami lecteur ; si je voulais vous mettre en relation avec les aventures de Darius et d’Alexandre, qui feront l’objet d’autres articles et surtout de dessins, je devais vous parler de l’aventure bien réelle qui inspira, en partie, les aventures de Darius et d’Alexandre.

Ce texte n’aurait pas eu lieu sans d’importantes conversations.

dessin_autobiographique

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Commentaires
G
Toutes ces précautions sur le côté autobiographique de cet article me font en fait douter de la véracité des faits relatés ! Mais qu'elle soit vrai ou fausse c'est plutôt une belle histoire.
J
fort bien intéressant que tout cela ! finalement, les aventures que l'on vit soit-même sont souvent aussi intéressantes, voire plus, que celles des personnages que l'on crée.
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