Meurtre
J’ai fait un rêve cette nuit, et tu étais dedans.
J’ai rêvé de cette histoire de meurtre, celle qui revient souvent, l’histoire de mon trépas. Une rue, une ville, une foule… Seulement cette fois-là c’était toi Marfa Pétrovna et non pas un simple inconnu qui me poignardais.
J’ai vu dans ce rêve ta démarche à la fois précipitée et très calme, troublée par les mouvements de tous ces gens autour de nous. J’ai vu ma très curieuse réaction quand tu m’as mis ce bout de métal droit dans le corps : impressions conjuguées de surprise et de lassitude, et d’intense stupidité. Tu as entendu, à peine coupable, un faible « allons donc » à ton attention, par moi prononcé en hâte.
Je me suis vu grognant plié en deux, comme dans INLAND EMPIRE ou dans Kaspar Hauser. Je me suis vu mourant progressivement au sein d’une foule impuissante et doucement compatissante, et expirer en crachant mon sang par terre comme un malpropre, très simplement, sans emphase et en moins d’un quart d’heure, sans possibilité de formuler une dernière phrase.
Certains lecteurs compulsifs de mes bouts d’œuvres laissés en plan reviendront profusément sur un vague petit dessin, le dernier exécuté avant mon assassinat de tes mains, humble et mystérieux.
Je n’ai pas fait ce rêve, mais nous dirons que c’est une réécriture de la mort que je t’avais décrite.
Je te souhaite une bonne après-midi ;
I. D.