Encore un article d'une lourdeur théorique éprouvante, vous m'en voyez désolé... Mais il me fallait en finir avec cette histoire de la vision colorée des Mathoeufs pour laquelle j'ai je l'avoue une fascination toute particulière.

By the way j'ai ajouté un nouveau contact dans les Merveilles du Web. Je pense que son auteur est quelqu'un de bien.

Les Mathoeufs, leur Vision, partie Deux. Une histoire vestimentaire des Mathoeuf.

Il existe un hyatus incompréhensible entre le perception des couleurs et leur conception neuronale. Ce hyatus est particulièrement exacerbé dans le cas des Mathoeufs, et il subsistent quelques incomréhensions à ce sujet, qui nous feront quitter le phénomène physique de la perception, pour aller dans la direction des volutes obscures de la Pensée.

Il fut constaté, au cours des époques, que l'habillement des mathoeufs, signe extérieur évident de leur perception-conception des couleurs et preuve de leur attachement symbolique et proprement physiologique à la couleur, se faisait autour d'un corps de couleurs déterminées et dont l'agencement subit les caprices de cycles lents incompréhensibles aux néophytes. Ainsi le choix systématique d'un ensemble d'au moins trois couleurs spécifiques est récurrent sur les différents continents, entre des communautés qui ne se rencontrent a priori pas. L'usage de couleurs spécifiques s'ajoute à celui du noir et du blanc, ainsi qu'à celui d'autres couleurs proches du neutre. (beiges, marrons, gris..) Ces ensembles de couleurs (on en dénombre quatre en général) subit une lente fluctuation extrêmement subtile, changeante à l'échelle des siècles.

La question la plus pressante sera alors: si les Mathoeufs ne perçoivent pas les nuances, et font de chaque couleur un absolu en ce qui concerne la saturation, comment peuvent-ils sélectionner pour leurs vêtements les colorants adéquats, pour qu'en définitive ces vêtements paraissent d'une saturation maximale à notre perception?

Cette question fut en partie résolue par Alex Popidore, qui enseigna en université à Delft ces dernières années. la plupart des études sur la perception colorée des Mathoeufs se basent sur la chimie gazeuse de leurs rétines, or aucun laboratoire ne parvenaient à donner d'explication satisfaisante à ce curieux phénomène. La "bonne idée" d'Alex Popidore fut de concentrer ses recherches non pas dans l'oeil du sujet, mais dans son cerveau et plus particulièrement à l'interface entre perception, traîtement de la donnée optique et conscientisation de la couleur.

"il existe en réalité un hyatus, une contradiction primordiale, entre vision pure et perception neuronale de la couleur. Situer cette contradiction ne m'a pas encore été possible, mais elle doit siéger dans un canal particulier entre oeuil et centre de traîtement des données visuelles. Ce point d'ailleurs n'existe peut-être pas, ce n'est peut-être qu'une zone diffuse de son corps neuronal.

Il m'a été en revanche possible d'apporter une réponse aux constatations absurdes de prime abord concernant le choix des couleurs des Mathoeufs. Voyez vous la perception colorée des Mathoeufs est essentiellement liée à la perception synaptique de la chaleur. Bien sûr cette facultée existe déjà chez l'homme, mais elle est infime. Ainsi j'affirmai il y a peu que le Mathoeuf sentait aussi la couleur par sa peau, ce que je vais démentir à présent à l'aune des récentes expérimentations sur un mathoeuf aveugle. Certes la faculté de percevoir la couleur par contact avec la peau (les longueurs d'onde courtes sont plus chaudes que les longeurs d'onde longues) est plus développée chez les mathoeufs que chez les hommes, mais elle ne l'est théoriquement pas assez pour différencier des nuances de couleur subtiles.

La vraie différenciation se fait en réalité au niveau du traîtement des données électriques transmises par les capteurs rétiniens. Il est remarquable de constater que les gaz prisonniers de la rétine du Mathoeuf produisent en réalité des émissions en direction du cerveau qui sont elles-même colorées. De quelle nature sont ces émissions? On a souvent proposé qu'elles soient, comme les émissions humaines, de nature électriques. Je n'en crois rien, il se peut tout à fait qu'elles soient de nature lumineuses et optiques. Et, naturellement, d'une certaine longeure d'onde seulement, car émises par une réaction chimique gazeuse incapables de réaliser de distinctions.

Comment, alors, le mathoeuf perçoit-il les nuances (car il est évident que pour concevoir des vêtements d'une teinte particulière, il leur faut percevoir les nuances)? Eh bien, c'est très simple. Chaque couleur correspond à une longeur d'onde particulière. Si le gaz excité par une zone colorée produit un seul type d'onde transmise ensuite au cerveau, du fait de réactions aux résultats limités, il n'en est pas moins extrêmement sensible aux variations de chaleur exercées par ces couleurs. Un bleu tendant vers le vert est plus froid qu'un bleu tendant vers le violet, même s'ils paraîtront tous les deux bleus aux yeux du Mathoeuf. Les canaux optiques des nerfs du même nom se terminent par des récepteurs de chaleur très sensibles: ainsi le mathoeuf aura, à couleurs égales, des sensations de chaleur différentes. Le cerveau du mathoeuf fera la distinction entre deux chaleurs distinctes, mais les classera lors de la mise en conscience de la perception des couleurs. Cette chaleur, il ne la ressent pas dans so corps, il la "conçoit" dans son cerveau, et dans son esprit.

Cela fait du Mathoeuf un être extrêmement sensible à son environnement coloré. Il a une conception sensible de la couleur infiniment plus complexe que la nôtre. La différenciation des degrés de couleurs n'est cependant pas conscientisée par les Mathoeufs, elle n'est qu'un paramètre du centre de traîtement des données optiques transmises par la rétine. Et cette distinction ne se fait que par rapport à un certain type d'objets, et dans certaines circonstances; ce qui explique le fait que les mathoeufs ne perçoivent pas de différence entre des nuances posées sur certains objets qui ne les "concernent pas" corporellement, et qu'ils les perçoivent sur d'autres, de manière visuelle, et bien spécifiques. Cela implique également des perméabilités très grandes entre zones conscientes, perception visuelle des formes, et perception colorée. Ainsi l'élaboration des colorants pour leurs vêtements se fait-elle directement sur la matière textile qui servira à construire le vêtement, et de manoère corporelle. A ses intuitions visuelles non-conscientisées, le mathoeuf adjoindra un ressenti tactile du tissu qui s'ajoute à sa perception visuelle et la complète.

Nous pouvons dès lors comprendre l'mportance prudente accordée par les mathoeufs à leur habillement et à leur usage de la couleur. Le choix est vital, et doit être précis; un mathoeuf habillé de violet partira toujours en guerre. Un mathoeuf habillé de rouge est un mathoeuf souhaitant évoluer dans un environnement calme. L'habillement aura ainsi un rôle social évident.

Durant des années, les couleurs dites "primaires" furent étalonnées sur la perception et les choix colorés des Mathoeufs.

Les Mathoeufs, leur Vision. Partie 2

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