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le blog officiel du sieur monsieur
28 septembre 2009

Mamie douceurs

Divertissement littéraire à caractère fictionnel.

 

Hier j’ai été interpellé par un étrange olibrius que je ne connaissais pas, et qui semblait pour le moins cocasse. Il arborait avec une élégance non dénuée de fierté un vaste pantalon noir paprika, sans doute provenant de quelque contrée fabuleuse et imaginaire comme la Bulgarie, ainsi qu’une veste rose carrelée de jaune-mauve. L’homme se déplaçait un formant des triangles. Je remarquais sa démarche titubante et entrepris de lui faire une leçon de morale à propos de l’abus d’alcool, puisqu’il avait l’audace de s’approcher de moi et de me héler. Il fit : Héla ! Je lui rendit son héla par une sorte de Hélo que j’ai appris à Cancun. Il ne devait pas beaucoup aimer ce type d’entrée en matière pour la conversation, car il eut un sourire mauvais.

Nous étions alors à l’endroit de la Volksstrasse qui monte vers le clocher au cours d’une pente à trente degré bien connue des vendeurs de pastèques géantes, surtout quand vient la nuit et que l’on ne voit plus rien de ce qui nous entoure, à cause de l’éclairage défectueux. J’ai à ce propos quelques amis travaillant dans ce beau domaine sur cette belle perspective où il se passe tant de choses.

Mon ivrogne proposa que l’on fasse un petit tour ensemble, ce que j’acceptais fort volontiers, étant moi-même en ballade. 

Nous n’avions fait que quelques mètres en direction des docks, mais mon étrange homme saoul commença à montrer des signes de faiblesse, ou d’énervement, ou d’excitation. Comme je ne voulais pas le décevoir, je ne lui fis pas remarquer, mais n’engageais pas la conversation pour autant. Parvenus aux abords d’une ruelle, il se précipita en son ombre sans prendre congé. Contre les immeubles, il n’y avait pas d’échelle de sécurité malgré la réglementation, mais je décidais de ne pas lui faire remarquer pour plusieurs raisons, la première étant qu’il était déjà loin. Comme c’était à prévoir, il glissa sur les quais huileux et tomba à l’eau. J’attendis plusieurs minutes pour voir s’il allait ressortir ; puis, comme il n’en faisait rien, je décidais de continuer seule. Ses goujateries m’étaient devenues insupportables, bien qu’elles ne lui étaient pas vraiment familière. Cette courte aventure m’étonna, mais pas plus que ce qui arriva ensuite.

Alors que je m’engageais dans la courte ruelle que mon ivrogne venait de parcourir, je remarquais une petite forme rectangulaire encastrée dans le mur, qui ressemblait fort bien à une porte de dimension réduite. Mais sa surface ne différait pas de beaucoup de la surface du mur : en réalité seule une mince aspérité détourait cette petite porte mystérieuse. Je l’ouvris ; face à moi il y avait un long couloir, qui descendait au moins autant que monte la Volksstrasse. Il fallait le suivre, et je me mis à en parcourir les parois humides d’une seule main, pendant une demi-heure. Je devais alors être en dehors de la ville, car d’ordinaire je traverse la ville entière en moins d’une demi heure. C’est alors que j’ai commencé à entendre les petits pas, qui ne me sont pas devenus familiers depuis, dieu merci. C’étaient des petits pas très normaux, à la différence près qu’ils n’auraient certainement pas dû résonner ici, sur ces parois de briques. Au début, ils allaient en s’éloignant, comme si un nain quelconque de sous les cathédrales s’enfuyait en m’entendant approcher. Je l’entendais mieux quand je m’arrêtais pour mieux entendre. Bientôt, il dû y avoir une sorte de couloir adjacent, car vingt mètres devant moi, sur la gauche, j’entendis quelqu’un faire la vaisselle. Puis, un Chinois jongler avec des cuillers dans une sorte de rythme oriental inconnu à mes oreilles.

Après une longue attente les petits pas reprirent, mais dans ma direction, et avec une insistance presque méchante. Il n’y avait pas qu’une seule série de pas : une autre se démarquait, moins petite, ainsi que des respirations de rhinocéros. Est-il nécessaire de préciser que je ne voyais rien car j’avais gardé mes lunettes noires et qu’il n’y avait pas d’éclairage dans cette partie de la ville ? Quelle idée stupide, d’avoir placé cette porte ici, me dis-je en mon for intérieur.

Ne voulant pas provoquer un accident de la route souterrain- je ne savais pas, pour n’avoir pas vu de panneaux du tout, si c’était une voie à sens unique- je rebroussais chemin et gagnais par la rue ma petite maison. En passant j’achetais quinze kilos de chatons, pour l’hiver.

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Commentaires
A
J'ai cru un temps qu'il allait être question de dermestes, mais non, mais c'était tout aussi intéressant.
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