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le blog officiel du sieur monsieur
8 mai 2009

économie

Mais, contrairement aux dires très controversés que Mauss jeta dans le chaos d’informations, l’économiste Rey assura à ses pairs que cette nouvelle « déprime », même si grave entre toutes, n’avait rien à voir avec la précédente grave crise, celle de 1929. Ses arguments dans sa lutte  avec Mauss se basaient sur ses longues études et sur son grand âge, alors que Mauss n’était qu’un « jeune foutriquet ». Il avança la comparaison suivante dans son livre d’octobre dernier : la première grave crise du XXème siècle était en relation avec une surproduction, alors que  la seconde, que nous pensons vivre actuellement, était le fait d’une caste spéciale et privilégiée, avec dans les mains de ceux-là, un pouvoir conséquent qu’ils n’auraient jamais dû avoir, soit une crise financière.

Mauss parle lui aussi d’une telle classe de personnages, les traders, mais, dans ses évocations, il jouait sur la peur que ces fantasques animaux exerçait sur les néophytes, et sur les politiques. Le trader moyen, dans les essais de Mauss, ressemble à un romantique noir, mélancolique et suicidaire, entrant comme un phacochère dans une économie déjà fragilisée par une plèbe ignorante, consommante, et dévorée par la cupidité.

Ce faisant, Mauss dépeint une vision littéraire des crises, d’où le désespoir n’est pas absent. Pour Mauss, les crises sont des punitions quasi divines appelées à se répéter d’époque en époque selon des cycles aussi mystérieux qu’arbitraire.  C’est selon Rey une vision photogénique des crises, héroïque, cinématographique… tout ce que l’on voudra, mais surtout pas une vision sérieuse d’évènements sérieux. D’où réaction de ce dernier.

Il faut mettre sur le compte d’une telle divergence l’éducation des deux économistes. Pour Mauss, elle se fit sous l’égide de Guillaume Musso, et pour Rey, de son grand frère maudit Anthony Musso. Le premier légua sans doute à Mauss l’art de plaire. Cette opération dût réussir car on se souvient du formidable best seller  que fut son ouvrage en quatre cent pages « Les crises encore », quand le modeste « Crises » de Rey ne fit aucun bruit en entrant, son maître lui ayant appris que « plaire aux imbéciles était pire qu’être soit même un idiot ». Ainsi l’ouvrage de Rey parut en Octobre fut sans doute le recueil le plus raisonné que l’on puisse trouver sur la crise actuelle.

Dans le monde cloisonné de économistes conjecturels, il en fut autrement : Rey fit l’effet d’une bombe, alors que le livre de Mauss provoqua un tollé. Mais Rey avait d’autres désirs que celui de ne plaire qu’aux spécialistes. Ceux-là ne faisaient que l’acclamer et lui concéder toutes les vérités, alors qu’il voulait avant tout atteindre les couches les plus terrifiées de la population. Il y avait dans ce livre une générosité que Mauss n’arriva jamais à approcher.

Courageusement, il renonça à tout droit d’auteurs, faisant de sont livre le moins cher d’un auteur vivant.  Mais « crises » se retrouva dans les bacs à soldes, à côté d’ouvrages honteux, tordus et mal renseignés. On sait les préjugés que la majorité a à propos des bacs à solde. Même dans cette cour des miracles que seul les plus démunis visitaient, il fut la victime de pauvres fantaisies à sensation. Pendant ce temps, les ventes de Mauss décollaient et il visitait les sphères sublimes de la gloire. Rey, lui, poursuivait ses recherches et préparait un second livre sur l’économie des libraires. Le livre parut en décembre ; il fut acclamé dans le domaine mais ignoré ailleurs (un ailleurs monopolisé par un Mauss envahissant).  Suivit en mars « anatomie d’un pouvoir en place », critique virulente du système français en matière d’économie et de politique. Il plaça son histoire –enviait il la méthode Mauss ?- au cœur d’une fiction réaliste. Même si aucun personnage réel n’apparaissait, les similitudes avec des gens de pouvoir actuels n’échappa pas à la vigilance de certains, qui firent leur possible pour empêcher la parution du livre. Ce fut un premier coup dur pour Rey, qui commença à croire au destin. Il partit pour le Mexique où il publia  « une vérité sublime », livre sombre et documenté, rapidement interdit en France.

La suite un autre jour!

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